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L'évolution d'un passe-temps

J’ai réalisé récemment qu’en octobre 2012 fût la première fois que j’ai pris un crochet dans ma main. J’ai répété cette histoire à plusieurs reprises déjà, mes premiers pas dans le monde du crochet. Je tricotais un cache-cou pour offrir en cadeau, et je voulais y apposé une fleur tricotée. J’ai beau cherché sur le web, je ne trouvais rien, mais seulement des fleurs au crochet. Une visite chez Michaels pour acheter un crochet de 5,00 mm Susan Bates en aluminium, le tutoriel vidéo sur les cuisses, et j’ai crocheté une fleur pour la première fois. ET J’AI A-D-O-R-É! Mes broches à tricoter ont pris le bord, et je ne les ai jamais repris. 

J’étais comme tout le monde qui débute au crochet. Je n’avais aucune notion de l’échantillon. Je ne comprenais pas encore les différences de laines et les grosseurs de crochets. Worsted? C’est quoi ça? Tu veux dire que je ne peux pas utiliser mon crochet 3,5 mm avec cette Bernat Blanket? Pourquoi? Ah, toute les choses qu’on apprend, en faisant des erreurs, en posant des questions, en suivant des patrons écrits et en symboles.

Après des mois à faire des beanies, des sacs, des foulards, je me suis mise à écrire mes propres notes et à faire des trucs qui sortaient de ma tête. Et oui, encore des beanies, des sacs et des foulards, mais, éventuellement, j’ai peaufiné mes techniques, et j’ai développé mon style. Mon passe-temps s’est bientôt développé en entreprise. Au début, la vente de mes produits finis ainsi que les poupées tricotées de ma mère m’occupait. Avec le temps, cette partie de l’entreprise, malgré qu’elle est toujours présente, a changé un peu, et j’ai développé une branche d’écriture de patron, et maintenant j’offre des ateliers au crochet tunisien qui débuteront bientôt dans une boutique connue de mon coin. Mon passe-temps est devenu une source de revenu. Mais, faites le calcul. Entre 2012, et aujourd'hui en 2023, il a fallu tant d’années à pratiquer mon art, à développer des compétences, à apprendre du monde de l’entreprenariat, à réseauter, et beaucoup plus encore. Je ne regrette rien de ce chemin que j’ai pris. Ce chemin, en fait, a ouvert bien des horizons. J’ai rencontré des gens superbes.

Le crochet peut sembler un passe-temps solitaire. Et en quelque sorte, ce l’est. Mais, dans ma vie, c’est tout le contraire. Les rencontres que j’ai fait parmi les amateurs de crochet, de la fibre en général, ainsi que d’autres professionnels comme moi, m’ont enrichi de façons inquantifiables. J’ai pris de l’assurance. Je me suis sorti, et m’est fait sortir, de ma zone de confort à maintes reprises. Et je continu de grandir dans ça.

Doit-on obligatoirement faire évoluer notre passe-temps en entreprise pour s’épanouir? Bien sûr que non. Mais il faut laisser la place à ce que votre passe-temps vous procure; un moment serein pour affronter de nouveau le stress de la vie; l’exploration des autres facettes de votre personnalité. Que ce soit les arts de la fibre, la musique, la peinture, l’écriture, travailler avec le bois, la céramique, ou pourquoi pas la mécanique, si vous êtes capable de trouver quelque chose qui vous passionne et qui vous rend heureux, ne le laissez pas tomber. 

Chez moi, ce passe-temps a évolué en entreprise. Et ce fût une réalisation que de reconnaître en moi ce désir d’accomplissement et de dépassement de soi. Je pourrais facilement dire que j’aurais espérer faire tout ceci dans ma jeunesse puisque maintenant je suis plus près de l’âge de la retraite qu’un début de vie professionnelle dans la vingtaine. Mais je n’aurais pas eu la sagesse que seulement l’âge et l’expérience de vie peuvent apporter. J’ai eu la patience et la persévérance de faire des petits pas, à l’image de la tortue, qui, finalement, m’a mené, et me mène encore plus loin. Je ne vois pas encore le bout du chemin. Je ne sais pas où j’aboutirai dans cette aventure. Cette citation d’Emerson, reprise plusieurs fois, le dit bien, “It’s not the destination, it’s the journey.” (Ce n’est pas la destination, mais le voyage.)